Dans les conditions du XIXe siècle, une crise affectant plus ou moins toutes les unités du capital à l’échelle internationale arrivait sans difficultés excessives à résorber la suraccumulation. Mais au tournant de siècle fut atteint un point à partir duquel les crises et la concurrence ne parvinrent plus à détruire du capital dans des proportions suffisantes pour transformer la structure du capital total dans le sens d’une rentabilité accrue. […] En d’autres termes, il y eut fléchissement du taux d’accumulation […]. Après dix ans d’une prospérité médiocre, et restreinte pour l’essentiel aux États-Unis, un nouvel effondrement du système de marché obligea l’État à intervenir derechef dans l’économie.Paul Mattick (édition française 1972), Marx et Keynes – Les limites de l’économie mixte, pp. 167-70.
On dit des années 1920, les « Années folles », qu’elles connaissent une croissance assez rapide de la productivité (particulièrement dans l’industrie manufacturière1), basée en partie sur la reconfiguration2 du processus de travail (notamment avec le travail à la chaîne3). Réduire la capacité des ouvriers à décider du rythme du labeur est caractéristique de la phase ‘automnale’ du cycle économique long (dit de Kondratiev4), lequel retranscrit les mouvements de fond de l’investissement : changement de ‘base technologique’, ou nouvel ‘environnement construit’ dont dépend le niveau de dépenses5. Il faut noter toutefois6 que les gains de productivité dans l’industrie sont concentrés assez précisément sur les années 1922 et 1928. Entre les deux, le produit par ouvrier reste à peu près stable. L’adoption des nouvelles méthodes de travail semble ainsi être difficilement acceptée par les travailleurs, enclins à limiter leurs efforts quand ils ne cherchent pas carrément à interrompre la chaîne de production. Non sans ironie, ce sabotage chronique a pu modérer les difficultés sociales liées à la répartition du produit.
fin d’une logique
Les troubles sociaux à l’issue de la Première guerre mondiale ont été résolus, aux USA, par la répression7 et une dose de ‘capitalisme-providence’ (surtout dans les grandes firmes8) : pensions d’invalidité, participations aux bénéfices, congés payés… Une compensation pour le coup de frein mis aux ambitions syndicalistes9. Ce moment de transition offre aussi l’occasion de constater que l’on ne peut décidément plus compter sur la docilité de la main d’œuvre immigrée (surtout quand elle commence à s’organiser) – et à partir de 1924 on préfère interrompre son afflux10. Pour ce pays, qui s’est construit sur les vagues successives d’apports en force de travail, c’est la fin d’une logique11 (celle de la ‘conquête de l’Ouest’, « the frontier »). Le capitalisme US peut se passer de l’immigration parce que sa productivité est supérieure à celle de ses compétiteurs : il est en mesure de trouver ailleurs la survaleur à extraire. Mais il s’agit peut-être d’un symptôme pour un phénomène global, celui du possible ralentissement de « l’accumulation primitive » au sens de Rosa Luxemburg, c’est-à-dire d’une expansion rapide du prolétariat par l’effet du capitalisme lui-même. Auquel cas, l’accumulation du capital a de grandes chances de se heurter à un manque de travail vivant dont tirer la survaleur– menaçant la profitabilité (c’est le processus de suraccumulation décrit par Karl Marx).
Le décollage des nouveaux moyens de consommation (automobile, radio etc.12) semble traduire cette difficulté du capital à s’approprier le produit, ou du moins à le réinvestir. La voiture permettra à terme de désamorçer en partie les tensions sociales dans les villes devenues trop denses. L’électrification13, qui impacte aussi la France, est aux USA l’évènement économique le plus profond des années 1920. Dans ce contexte, une autre idée de l’avenir prend forme14. Si 80 % de la population américaine n’a aucune épargne bancaire15, cela n’empêche pas John J. Raskob (DuPont, General Motors, futur trésorier de l’Ordre de Malte16) de penser que les conditions de rémunération en bourse sont telles que « quiconque se doit de devenir riche ». Bien qu’il ne dépasse probablement pas les 5 % de la population, le nombre de détenteurs d’actions croît17. De quoi alimenter l’idée que la folie spéculative s’est emparée du marché à cause d’investisseurs inexpérimentés, influencés peut-être par les déclarations optimistes du Président Hoover ou du président de Wall Street sur la maîtrise des cycles économiques18. L’analyse qui suit va montrer que la bourse est en fait demeurée très rationnelle durant la période qui mène au krach.
Si les indices du cataclysme à venir sont discernables a posteriori (par exemple : bien meilleurs rendements demandés pour les placements à risque19, revente de leur place à Wall Street – au plus haut – par de gros financiers, ou volatilité avertissant du potentiel pour une mauvaise surprise20), il faut cependant garder en tête que la chute des cours traduisit surtout l’anticipation d’une dévalorisation du capital (bien que l’on puisse considérer qu’elle la provoqua) – par la sous-utilisation soutenue des capacités de production (les aciéries21 tourneront à 12 % de leur capacité en 1932). Ce qui n’enlève rien au côté cocasse des prédictions alarmistes de l’économiste Roger Babson, dont la régularité avait fini par rassurer22.
effets indésirables d’une intervention monétaire
Plusieurs pays, dont les États-Unis, la France, l’Australie et le Japon, subissent en 1927 un recul de la production industrielle23. Face à la légère « récession Ford », la banque centrale américaine (la Fed) choisira d’abaisser les taux d’intérêt – comme elle l’a déjà fait en 1924 dans des circonstances similaires24. Un autre objectif de ces interventions monétaires est de soulager les banques centrales étrangères, et notamment la Banque d’Angleterre (on sait qu’en 1927 la France et l’Allemagne y sont opposés), dans ses efforts pour retrouver puis préserver l’étalon-or – et ainsi faciliter les exportations américaines25. L’Angleterre se trouve dans une situation délicate après la perte – sous l’influence US – de son accès privilégié à l’or sud-africain, puis les retraits d’or effectués par les Français, dont la monnaie est sous-évaluée donc propice aux exportations (à l’inverse de la livre Sterling).
Le soutien au Royaume-Uni semble d’autant plus nécessaire que les troubles sociaux y sont vifs, et incluent une ‘grève générale’ de neuf jours en 1926, annoncée dès 1925 par Zinoviev26, le président de l’Internationale Communiste (le Komintern) – et précédée en janvier d’un canular radiophonique de la BBC décrivant une violente insurrection à Londres27.
L’inconvénient de cette diminution des taux, c’est qu’elle se répercute, par recherche du meilleur rendement, sur la rentabilité des actifs boursiers – via leur surévaluation par rapport à la valeur des actifs tangibles des entreprises cotées (en 1924 il s’agit encore de revenir d’une sous-évaluation qui date au moins de 1908 – une bulle spéculative se forme néanmoins dans l’immobilier28). C’est d’ailleurs ce même mécanisme qui rend les nouveaux investissements particulièrement compétitifs… L’expansion de l’activité s’appuie sur une moindre profitabilité29 quand inciter à travailler davantage demande de meilleurs salaires horaires (éventuellement par la déflation). Un accès facilité des ménages au crédit peut jouer le même rôle, tout en préservant une survaleur ‘virtuelle’. Laquelle vient s’ajouter au dénominateur du taux de profit, comme le fait l’accumulation de capital, mais suppose – pour compenser – la conversion d’une partie des salaires en intérêts.
suraccumulation évitée
Au cours des années 1920, aux USA, la consommation de capital (le remplacement du capital déprécié) passe d’environ 12 % à environ 10 % du PIB. Cela reflète la tiédeur de l’accumulation depuis le tournant du XXème siècle30. Le travail mort demeure proportionné au travail vivant : il ne semble donc pas y avoir de problème de suraccumulation. Au cours de la décennie, la part du PIB consacrée à la formation de capital nette fluctue grandement, semblant par exemple bénéficier de l’élection de Coolidge31 pour ensuite descendre graduellement (et remonter subitement à environ 10 % en 1929). Quant à la consommation (réelle), elle fait un bond de plus d’un tiers, soutenue pour partie par le paiement échelonné, lequel rend accessibles voitures et autres biens durables32. En somme, si la suraccumulation est évitée (bien que la formation nette de capital demeure disproportionnée), c’est au moins en partie grâce à la consommation – à crédit – de la survaleur (les salaires réels33 ne s’améliorent que très peu après 1923). Mais la solvabilité ne peut s’accroître à l’infini, et on tient peut-être là une cause du krach immobilier de 1926. La Floride, où l’on assèche les marais pour des projets touristiques, est particulièrement touchée. Les crédits hypothécaires en subissent le contre-coup34.
Les crédits aux ménages semblent avoir facilité le retour de la croissance en 1925, mais la solvabilité a rapidement pu devenir trop faible pour l’immobilier (en 1926) puis pour l’automobile (en 1927).
stabilisation du temps de travail
Il existe certainement un lien entre l’accès aux loisirs et celui au temps libre. Dans les deux premières décennies du XXème s., le temps de travail a diminué rapidement, possiblement sous l’effet d’un boulot devenu plus éreintant35. Mais les années 1920 sont celles d’une relative stabilisation du temps travaillé36. L’apparition de nouveaux divertissements comme la radio et le cinéma37 semble justifier, pour se les offrir, de travailler presque toujours autant… alors même que la débrouille, qui va plutôt de pair avec une progression du taux d’exploitation38 (surtout quand l’accumulation ne suit pas), devrait autrement tirer les horaires vers le bas. D’après F. Scott Fitzgerald39, « même à sec on ne se souciait pas de l’argent, tant il y en avait à profusion autour de soi »… sans doute pas dans toutes les classes sociales, mais il faut tout de même rappeler que l’on connaît un envol du crime organisé avec la Prohibition, laquelle fait figure de garde-fou face au développement des loisirs40 (le patronat considérait peut-être que la sobriété faisait de meilleurs travailleurs41). D’après certains psychanalystes42, la réduction du temps de travail et la plus grande liberté dans les loisirs présentait le risque d’un renforcement parallèle de la « pulsion de mort », d’où la ‘névrose des dimanches’.
en route vers le krach
L’intervention monétaire de 1927 est initialement considérée comme un succès43. Mais la relance de l’activité se paie au prix d’un emballement « spéculatif », et dès février 1928 la Fed fait machine arrière. À peu près au même moment débute l’inversion44 de la courbe des taux d’intérêt (les prêts à long terme sont – anormalement – moins rémunérateurs qu’à court terme). Cela peut signifier que la baisse des taux est anticipée, autrement dit que l’on s’attend à ce que les autorités monétaires finissent par opérer un nouveau virage à 180°. Ce revirement ultérieur sera causé par un krach boursier, mais on ne semble alors pas s’en douter (peut-être pense-t-on pouvoir se désengager à temps) : une fois enclenchée, la grimpe des cours ne paraît plus vouloir s’arrêter. Le rapport – appelé de nos jours Q de Tobin – entre les montants misés sur les entreprises (prêts + actions) et la valeur des actifs sous-jacents (tangibles) continue à se distendre45.
S’agit-il d’un cercle vicieux, par lequel les gains engendrés par les placements en attirent d’autres ? Mais ce mécanisme n’a de sens que si les apports sont le fait de nouveaux participants. Une autre explication se situe au niveau de l’agrandissement de la part des profits grâce à des gains de productivité supérieurs à ceux du revenu horaire du travail. La hausse des taux d’intérêt n’aurait pas été suffisante pour parvenir à l’équivalence de rentabilité vis-à-vis des actifs tangibles, d’où la surévaluation des titres (on peut juger de la pertinence de cette interprétation en observant le volume des titres cédés à la Fed46). L’écart est particulièrement prononcé en ce qui concerne les acceptations bancaires (qui facilitent notamment le commerce avec l’étranger, en permettant à l’exportateur d’être payé immédiatement et à l’importateur de ne régler qu’une fois la marchandise reçue). Ces titres sont à cette période rachetés aux banques en grand nombre – à un prix relativement élevé – par les banques de réserve de la Fed, d’où une abondance de liquidité47.
Phénomène curieux, les acquisitions d’actions sont financées grandement par des emprunts, dont la source provient en partie de l’épargne des entreprises48, lesquelles lorgnent sur les taux d’intérêt élevés des prêts à court terme, utilisés par les courtiers (la Fed cherche à décourager les banques de participer à ce marché49). Ces mouvements de fonds servent entre autres à l’achat d’actions nouvellement émises (normalement destinées plutôt aux dividendes non-consommés). Au même moment, on note que les investment trusts, des véhicules spéculatifs, sont parmi les principaux acquéreurs et émetteurs de nouveaux titres50. Dès lors, les bénéfices non-reversés sont-ils – indirectement – réinvestis, ou bien correspondent-ils à un regain de consommation à crédit ? En part du PIB, celle-ci semble effectivement légèrement progresser en 1928 (à l’inverse de la formation de capital). Pour que les taux d’intérêt ne soient pas prohibitifs, il doit probablement s’agir de paiements échelonnés : les firmes qui les proposent ont une incitation particulière à ce qu’ils soient abordables – et sont en mesure de fournir des garanties solides (en théorie) aux banques qui procurent les fonds nécessaires.
En 1929, tandis que l’endettement des ménages ralentit de nouveau (comme la consommation de biens durables51), l’accumulation de capital redécolle. C’est une conséquence assez logique des excès spéculatifs, puisqu’ils rendent davantage compétitifs les actifs tangibles. Mais dans la mesure où cela aggrave les besoins en main d’œuvre, se dessine une augmentation des salaires. On pourrait compter sur les gains de productivité engendrés par ces nouveaux investissements pour assurer des profits alléchants, mais au bout de ce chemin se trouve la préférence pour le temps libre – une fois les principaux besoins et envies couverts52. Et si jamais la mécanisation devait tendre à modérer la quantité de travail vivant exigée, il faudrait craindre que l’expansion du taux d’exploitation donne lieu à davantage de sabotage – un phénomène alors déjà largement répandu53. Pour l’anecdote, en 1928, le Komintern a changé de stratégie, optant pour la radicalité plutôt que l’ouverture, comme si s’ouvraient de nouvelles possibilités révolutionnaires54.
La Fed continue de faire grimper les taux d’intérêt, et l’économie commence à en subir les effets55 au début de l’été 1929. Mais cet ajustement a possiblement favorisé la profitabilité, et les cours poursuivent leur ascension de plus belle. Les acceptations bancaires sont de nouveau la source de la liquidité, ce qui fait reposer cette dernière sur la bonne santé du commerce extérieur. Pour Russell Napier, auteur d’un ouvrage ‘culte dans le monde de l’investissement’, le krach a pu trouver son déclencheur dans la réalisation tardive56 que les efforts de la Fed pour mettre un terme à l’excès spéculatif risquaient de pousser le reste du monde ‘vers la déflation’.
l’impasse du commerce extérieur
La balance du commerce extérieur US des années 1920 est positive57, ce qui tend à impliquer, comptablement, une exportation nette de capitaux58. On peut en déduire que les dissensions internes à la Fed reposent probablement sur la possibilité, pour une partie des investisseurs américains (notamment New-Yorkais), d’échapper aux problèmes domestiques de répartition du produit – par un rattrapage économique de l’étranger. Notons que l’évasion fiscale connaît une première ‘flambée’ dans les années 1920, interrompue par la Dépression59.
Il est intéressant de se pencher sur la nature des discussions à Baden-Baden (en Allemagne) au moment où a lieu le krach. Cette conférence concerne les attributions de la Banque des Règlements Internationaux, issue du Plan Young60 (visant à renégocier une énième fois les réparations de guerre de l’Allemagne). À la mi-octobre 1929, il est question des risques à faciliter l’émission de prêts par les États avec des achats de bons du Trésor. L’Allemagne est très isolée dans son envie de recourir à l’endettement public. Puis, brièvement, le 22 octobre61, on débat de la proposition française de créer, pour servir d’unité de compte, le grammor, une monnaie indexée à l’or et constituée d’un panier de devises. Elle pourrait éventuellement alimenter les réserves des banques centrales – concurrençant le dollar et dans une moindre mesure la livre Sterling. Émettre la (ou une) monnaie de réserve permet d’encourir un déficit commercial dont l’effet sur le taux de change est contrebalancé par la demande accrue pour la monnaie en question – demande provenant des pays employant une balance courante positive à (re)constituer des réserves de devises. Cette ‘utopie financière’ est rejetée le jour-même, pour « ne pas effrayer le public » selon les mots d’un délégué américain62. Le lendemain, 23 octobre, lors de la dernière heure d’ouverture de Wall Street, le krach démarre63.
bénéficier du krach
Depuis début septembre, les cours ont commencé à descendre, ce qui met en difficulté les boursicoteurs dont les achats d’actions ont été financés par des emprunts. On observe des tentatives, par des ventes à découvert (on emprunte des actions que l’on vend dans l’espoir de les racheter moins cher pour avant de les rendre – le short-selling), de provoquer des délestagess d’actions64. Quand elles réussiront, elles seront suivies dans la même journée d’un rebond des cours, dû à la consolidation des positions des short-sellers (parmi lesquels on trouve le contrebandier d’alcool, chevalier de l’Ordre de Malte, bientôt premier président de la SEC puis embarrassant ambassadeur à Londres, un certain Joseph Kennedy65 – le père de JFK). Mais avec la frayeur de la dernière heure de trading du 23 octobre, les transactions du lendemain débutent dans la panique.
Afin d’éviter le pire, un pool de grandes banques entreprend de soutenir les cours. Cette tentative rappelle une intervention similaire de J.P. Morgan en 1907, qui l’avait convaincu d’œuvrer à la création de la Fed66. Mais cette fois, la réussite ne sera pas au rendez-vous. Les jours suivants ne rassurent pas. Le mardi, alors que les traders manquent de sommeil quand ils n’ont pas la gueule de bois, la situation empire tellement que le pool jette l’éponge. À Wall Street, les coups de poings fusent67. La ticker tape, sur laquelle on peut lire l’évolution des cours, prend plusieurs heures de retard à cause du volume des ordres de vente. Les lignes téléphoniques sont surchargées.

teleskating : opératrices en rollers à Chicago (1929)
Il paraît qu’un policier retrouvera un perroquet dans sa cage, abandonné dans une allée à proximité de la bourse, et qui continuait de crier « more margin ! » comme les traders le firent toute la journée68. Cette anecdote n’est pas sans évoquer la plaisanterie attribuée aux premiers économistes professionnels (peut-être69 Alfred Marshall ?) selon laquelle on pourrait faire passer son diplôme à un perroquet – pour peu qu’on lui apprenne à répondre « l’offre et la demande » à chaque question.
Une fois que les cours auront touché le fond, en 1932, l’URSS, alors embarquée dans une industrialisation à marche forcée (dont le Plan a été établi puis réalisé avec le soutien de firmes américaines) et la collectivisation – et mécanisation – de l’agriculture70, envisagera de rassembler ses richesses monnayables pour prendre position à Wall Street. L’idée sera abandonnée, dit-on par manque d’analystes financiers71.
la Dépression
En octobre 1929, la chute des cours a été brutale, mais le pire restait encore à venir – contrairement à ce que pensait J.M. Keynes dès le mois de décembre72. Le président Hoover enjoint à préserver le niveau des salaires, et est plutôt entendu73. Cependant, en dépit de l’absence de faillites parmi les grandes entreprises74, le chômage commence à croître (la chute du ratio P/E (price-earnings) – l’inverse de la rentabilité attendue des actions – y est possiblement pour quelque chose), et les banques, qui ont récupéré les créances sur les spéculateurs75, sont mises en difficulté76 par la poursuite du déclin agricole77, les séquelles du krach immobilier et une déflation qui érode la valeur des obligations. Cette dernière n’est pas non plus soutenue par le recours accru à ce type de placement, en théorie plus sûrs (en particulier les bons du Trésor), mais d’autant moins qu’à l’inverse le capital propre des entreprises représente une garantie pour les emprunts.
La déflation traduit probablement une évolution du rapport de force en défaveur des travailleurs : le déroulement des négociations salariales et la réduction de l’activité contraignent à diminuer les prix pour maximiser les profits.
Une succession de crises bancaires78, la première ayant lieu à la fin de l’année 1930, fait de nouveau plonger les cours (entre deux rechutes ils regagnent des couleurs), et aggrave la dépression de l’économie. Les cours des compagnies ferroviaires dégringolent du podium, au bénéfice des firmes pétrolières (davantage que celles de l’automobile). Mais seule l’industrie du tabac s’en sort indemne. La Fed n’intervient pas79. Ce yo-yo de la bourse entre 1929 et 1932 montre peut-être une hésitation entre deux interprétations du krach : l’une basée sur la surévaluation causée par la politique monétaire, l’autre sur la réalisation que les capacités de production devaient rester sous-utilisées.
Les répercussions sur l’Europe sont assez variable – par exemple les pays scandinaves sont largement épargnés80. En Allemagne, où l’économie a connu une embellie après l’hyperinflation qui suivit le Traité de Versailles81, la crise arrive vite et sera profonde, entre autres du fait de l’importance qu’y a le Département I (production des moyens de production82). Par ailleurs, le reflux des capitaux privés américains pose de sérieux problèmes aux banques83. Ces capitaux reviendront après l’arrivée des Nazis au pouvoir, sous la forme d’investissements par de grosses firmes comme IBM – cette dernière est par ailleurs une des rares à tourner à plein régime durant la dépression84. En Angleterre, l’État rachète les bobines de fil de l’industrie textile pour les détruire – dans le but d’accélérer le passage à des équipements plus modernes85. Signe des temps, la Grèce veut devenir plus autarcique86.
Alors que pour certains, le cataclysme économique des années 1930 est la démonstration ultime de l’impasse que représente le capitalisme, pour d’autres, la capacité du système à se maintenir malgré l’ampleur des dégâts démontre au contraire sa pertinence87. Après un moment de recul, le salaire horaire réel atteint un niveau plus élevé qu’avant la Dépression88 : c’est une indication que le capital a adapté sa logique. La crainte de la suraccumulation et celle des conséquences d’une progression du taux d’exploitation (sabotage et vol) ont contraint à rééquilibrer la répartition du produit – au détriment du volume de ce dernier89. Ainsi, les salaires sont restés suffisamment faibles pour éviter l’émancipation de la main d’œuvre, mais les inégalités demeuraient supportables. Le New Deal contribua à cet effort par de grands travaux sans grands effets immédiats sur le pouvoir d’achat90. Mais seule l’entrée en guerre des États-Unis en 1941 entraînera le retour du plein-emploi. Le financement de ces aventures étatiques constituait une ponction dans la survaleur, mais le capital était le créancier de la dette publique correspondante.

conservation des sols financée par le New Deal : « contour plowing »
Le retour de la contestation ouvrière débute juste après le dépassement du point le plus bas de la Dépression, lui-même précédé de peu par le fond du gouffre boursier91. Les revendications portent surtout sur les conditions de travail – et qui les détermine. Pourtant, c’est à partir de ce moment que le salaire horaire réel reprend des couleurs. En 1937, le salaire horaire réel décolle de nouveau, déclenchant une crise qui permettra au capital d’enfin souffler92. Deux ans plus tôt, les businessmen du port de San Francisco se sont vu contraints de décharger eux-mêmes les cargaisons, sous le regard silencieux et attentif de 5 000 grévistes – avant une confrontation sanglante avec la police93. À partir de 1936, les occupations d’usines se multiplient, aidées par le rapprochement entre Communistes et Socialistes découlant de la stratégie de Front Populaire récemment adoptée par la IIIe Internationale. Le reflux de 1937 et 1938 a d’ailleurs pour cause partielle le choix du Parti Communiste de gagner des points politiques en se mettant au service de Roosevelt.
Pour Andrew Mellon94, secrétaire au Trésor de 1921 à 1932, la crise avait au moins pour mérite de faire « travailler plus dur, et mener une vie plus morale ». De son côté, John Edgerton, le président de la National Association of Manufacturers, confie aux membres de celle-ci que les sans-abri et sans-emploi n’ont qu’eux-mêmes à blâmer : ils auraient dû épargner, ou ne pas jouer en bourse95.
La publicité s’était mise à viser les émotions avant même les années 1920. Durant la crise elle tient un discours qui glorifie l’individu se ‘démarquant’ de la foule96. En 1932, Bernard London, un agent immobilier new yorkais et franc-maçon, propose l’obsolescence programmée (« planned obsolescence ») comme solution à la crise97. On voit là semées quelques graines d’un futur mode de vie largement basé sur le confort du domicile et le déplacement automobile. Dès 1942, le patronat américain turbine pour concevoir de nouveaux besoins98, ce qui n’est pas une mince affaire99. Ailleurs, la dislocation du commerce international a favorisé l’industrialisation100.
résonances
À partir des années 1990, le ratio P/E a atteint des pics sans précédents101. En 1998, l’économiste Harold Bierman, Jr. explique qu’au regard de son modèle d’investissement, il aurait été surpris102 par le krach d’octobre 1929. Ainsi, la rentabilité minimum attendue a chuté, mais c’est au moins en partie le fait d’une surévaluation apparente des actifs boursiers – bien qu’il soit possible que le coût de ‘re-création’ (de ‘reproduction’) des entreprises cotées joue un rôle. En clair, que la concurrence soit moins efficace. Et on peut en effet constater que l’accumulation demeure assez lente – avec tout de même un quasi-doublement103 du ratio travail mort / vivant à l’échelle mondiale depuis les années 1970 (qui aide à expliquer la pression pour repousser les retraites, supprimer des jours fériés, réduire les dépenses publiques…).
Pourquoi, si les actifs tangibles sont survalorisés, l’accumulation ne s’accélère-t-elle pas ? D’une part, cette surévaluation n’est qu’intermittente : le Q de Tobin104 est revenu en dessous de 1 entre 2002 et 2010. D’autre part, il est clair que les firmes déjà en place ne voient pas de raisons de provoquer la dévalorisation. La seule façon de les y pousser doit provenir de l’apparition de concurrents nouveaux. Le phénomène des ‘start-up’ peut y trouver sa cause : le capital surévalue d’office des concurrents potentiels – que les grosses firmes s’arrangent d’ailleurs pour racheter en cas de succès.
La diminution du salaire horaire réel durant les années 1980 s’est accompagnée d’une amélioration du taux d’activité : le pouvoir d’achat a été défendu par un accès généralisé au travail105. Ceci suggère que la période qui précédait a vu le capital se prémunir de troubles sociaux par des salaires plus généreux que ceux strictement nécessaires à la maximisation des profits – comme dans les années 1930. L’agrandissement du secteur public durant les « Trente glorieuses » suggère des difficultés à préserver le niveau d’activité106, probablement pour la même raison que durant la Dépression : on se méfie de la progression du pouvoir d’achat. Plus tard, la baisse de la profitabilité contraindra à renforcer la masse des profits – par un reflux de l’État-Providence.
À partir de la fin des années 1990, alors que l’on assiste à une embellie du salaire horaire réel moyen, a lieu un repli du travail : baisse du taux d’activité, et réduction des heures travaillées par les employés jusqu’en 2007, après quoi le chômage fait un bond. En somme, le capital semble de nouveau répondre par le désinvestissement à la crainte d’une désaffection pour le boulot.
Le retour de la tendance à la suraccumulation (facilité par les pressions négatives sur la productivité, telles que la déplétion des ressources) est lié à la nécessité de freiner la préférence pour le temps libre et de limiter le potentiel expropriateur que recèlent les inégalités. La disproportion du travail mort, qui s’accroît lentement depuis les années 1970, rend la solution du désinvestissement dangereuse pour la profitabilité. L’alternative que représente l’intensification du rythme du travail107 présente l’inconvénient de stimuler la dispute autour de l’appropriation du produit par le capital. Dans l’absolu, une grande marge de manœuvre demeure du côté de la réduction du travail non-productif, bien que dans la pratique ce ne soit pas si simple. Tirer vers le bas les dépenses militaires (ce qui fut fait à l’issue de la Guerre froide) se heurte aux tensions géopolitiques attisées par la mauvaise santé du taux de profit. Autre exemple, dégraisser le démarchage commercial n’est pas une décision qui revient à l’entreprise en concurrence (mais peut découler, comme on l’a vu, d’une crise sanitaire). Ultimement, gagner en productivité ne repousse le problème que pour le rendre plus insoluble.
Notes
1. Gabriel Kolko (1976), Main currents in modern American history, pp. 101-3 ; Russell Napier (2016, 4th ed.), Anatomy of the Bear, pp. 79-80 ; Gary Cross (1993), Time and Money – The Making of Consumer Culture, p. 30 ; « Among the new machines which now came into general use were rotary kilns in the cement industry, continuous rolling mills in steelmaking, and the electrical furnace for making various products where the elimination of impurities resulting from the combination of coke was especially desirable. » Shepard B. Clough & Richard T. Rapp (1975 ed.), European Economic History: The Economic Development of Western Civilization, pp. 432-5.
2. « The redesigning of jobs […] allowed […] spectacular increases in production per head. » « […] loss of bargaining power of the [British] miners after 1926 […] » « Herbert Greenwell, an employers’ representative : « […] almost the whole merit of a conveyor system, in either a factory or a mine, is that it connotes a constantly moving cycle with which the human element must comply. » » Geoff Brown (1977), Sabotage – a study in industrial conflict, pp. 172, 195-6, 224-5.
3. Michel Beaud (édition d’avril 2010), Histoire du capitalisme 1500-2010, pp. 240-4.
4. Michael A. Alexander (2002), The Kondratiev Cycle – a generational interpretation, p. 65.
5. David Harvey (2017), Marx, Capital and the Madness of Economic Reason.
6. A.C. Miller (September 1935), Responsibility for Federal Reserve policies: 1927-1929, p. 443 ; https://fred.stlouisfed.org/series/M081FBUSM175NNBR ; https://fred.stlouisfed.org/series/M08154USM065NNBR
7. Paul Buhle & Nicole Schulman (coord., 2019), Wobblies – Un siècle d’agitation sociale et culturelle aux États-Unis ; « [A]n extended period of anti-radical political repression – launched in the early twenties by Attorney General A. Mitchell Palmer and enforced by federal and local police agencies – forged a political climate in which people were less and less willing to question authority openly. » Stuart Ewen (1996), PR! A Social History of Spin, p. 219 ; S. William Snider (2020), A Special Relationship – Trump, Epstein, and the Secret History of the Anglo-American Establishment, pp. 72-81.
8. Chiaki Moriguchi (2003), Did American Welfare Capitalists Breach Their Implicit Contracts ? Preliminary findings from company-level data, 1920-1940 ; « The year 1929 marked the end of the « new » company town. […] In spite of their increasing sophistication, by the mid-1920s such towns had become less necessary to their sponsors. » Margaret Crawford (1996), Building the Workingman’s Paradise, pp. 200-2.
9. « William Z. Foster […] said […] « [l]abor officialdom, including the progressives, listened open-mouthed when [Harvard’s] Professor Carver explained how the workers through their savings were buying control of the great industries … . They declared that the path of progress for labor lay through cooperation with the employers to increase production. The class struggle was ended, strikes were a thing of the past, Socialism was an outworn dogma. The big thing was the « Higher Strategy of Labor » (no strike, speed-up, policy), labor banks, and class collaboration on every front. » » Daniel Hopsicker & Linda Minor (2024), Gangster Planet, pp. 303-5.
10. « [T]he most troublesome strike of the immediate postwar era, the Great Steel Strike of 1919, was largely manned by the traditionally docile immigrants who composed the bulk of the industry’s members. » Gabriel Kolko (1976), pp. 76, 92-3, 180 ; « Beginning with the rebellion of immigrant steel workers in McKees Rock (Pennsylvania) and sweated New York garment workers (the Shirtwaist Strike) in 1909, the supposedly ‘unorganizable’ immigrant proletariat erupted in militant upheaval. […] Unlike the strike waves of the 1877-1896 period, however, the mass strikes of the early twentieth century largely failed to unify native and immigrant workers. » Mike Davis (2018 ed.), Prisoners of the American Dream, pp. 46-53.
11. « The structural crisis of the 1930’s was markedly different from earlier depressions. While all the crises of the nineteenth- and early twentieth-century had also included an « under-consumptionist » dimension, accumulation had generally been resumed and the crisis « resolved » by a new wave of capital formation in Department One (Marx’s macrosector of capital goods production). This path of development was possible as long as the basic structural conditions of the « frontier » model of accumulation persisted – as long as massive sectors of petty production remained to be integrated into the capitalist mode, as long as international demand for American agriculture was rapidly increasing, as long as new Western territories and resources were still being added to the economy. » Mike Davis (1978), « Fordism » in Crisis : A Review of Michel Aglietta’s « Régulation et crises : L’expérience des Etats-Unis », pp. 224-5.
12. « Une enquête a été réalisée à la demande de la compagnie Ford en 1929 à Detroit ; sur 100 familles ouvrières, 98 possédaient un fer à repasser électrique, 76 une machine à coudre, 51 une machine à laver, 49 un phonographe, 47 une automobile, 36 une radio et 21 un aspirateur. » Beaud (2010), pp. 244-5.
13. Napier (2016), pp. 79-81, 104 ; Jacques Bouillon et al. (1980), 1914/1945 – le monde contemporain, pp. 73-4.
14. « [Historian Lawrence] Cremin saw World War I as « a great divide » in the history of the progressive education movement. He opines: « Like Progressivism writ large, » the movement changed, and « social reform was virtually eclipsed by the rhetoric of child-centered pedagogy » during the 1920s. […] What could the schools offer Americans that was not already being provided by the beneficient economic order? It had become clear to some that even training for work was being taken over by industry; most jobs could be learned in a matter of weeks on the job. » Benjamin Kline Hunnicutt (1988), Work Without End – Abandonning Shorter Hours for the Right to Work, pp. 116-21.
15. https://openstax.org/books/us-history/pages/25-1-the-stock-market-crash-of-1929
16. Ladies’ Home Journal (August 1929), Everybody Ought to Be Rich: An Interview with John J. Raskob ; Françoise Hervet (1986), « Knights of Malta Examined », Covert Action Information Bulletin n°25.
17. Janette Rutterford & Dimitris P. Sotiropoulos (February 2016 draft), The Rise of the Small Investor in the US and the UK, 1895 to 1970, p. 25.
18. Kolko (1976), pp. 109, 180 ; Bouillon et al. (1980), p. 76. « [Merle Thorpe in 1928.] « The period just ended has leaped forward by arithmetical progression: 2, 4, 6, 8, 10. The high gear of our industrial machine will bring changes in the next decade by geometrical progression: 2, 4, 8, 16, 32. […] » » James Warren Prothro (1954), The Dollar Decade – Business Ideas in the 1920’s, pp. 86-7 ; « [Until 1867, t]he autonomous development of capital was not yet sufficient to enlarge the market decisively by itself. […] At the end of the nineteenth century, […] crises appeared to become less severe and the periods of prosperity to lengthen; at the same time, the economic condition of the workers improved. The productivity of labor had been sufficiently increased to maintain the profitability of capital as it accumulated over longer periods of time. […] Engels saw in the increasing mildness of crisis the germ of a more violent crisis in the future […]. » Paul Mattick (1981), Economic Crisis and Crisis Theory, pp. 75-80.
19. Karl Brunner (1982), The Great Depression Revisited, p. 7.
20. Eugene N. White (November 2006), Anticipating the Stock Market Crash of 1929: The View from the Floor of the Stock Exchange.
21. Ewen (1996), p. 233.
22. Gilbert Burck & Charles Silberman, « What Caused the Great Depression », Fortune magazine (February 1955) ; https://americainclass.org/sources/becomingmodern/prosperity/text4/colcommentarycrash.pdf ; « In the early 1920s, virtually every expert was predicting that the world was about to run out of oil. The best estimates of existing oil supplies indicated that the major fields were going to be tapped out by the 1930s. » « In the late 1920s a new oil field was found in Oklahoma. […] What they had found was only the edge of a huge deposit, an underground lake of oil. No, more than a lake. It was a sea of oil. By 1930 oil wells were sprouting across six states, all the way across Texas and into Louisiana. » Thomas Hager (2008), The Alchemy of Air, pp. 208, 225-6.
23. Bouillon et al. (1980), pp. 84-5 ; Sandra Chirazi & Raphaël Menand (2011), Histoire de la mondialisation capitaliste, 2. 1914-2010, p. 17 ; Napier (2016), p. 88 ; Burck & Silberman (1955).
24. Allan H. Meltzer (2003), A History of the Federal Reserve – volume 1: 1913-1951, pp. 156-9.
25. Miller (1935) ; « [T]he so-called Dawes Plan (1924) […] more or less settled the contentious issue of German war reparations, thereby removing the political obstacles to international capital movements and creating the conditions for the « return to gold ». » « In 1925, [Governor of the Bank of England and Theosophist Montagu] Norman first floated the idea of a central banks’ club, which was eventually realised with the creation of the BIS. […] [A] first informal multilateral conference of the main central bankers was held at a friendly private home on Long Island (New York) on 1-6 July 1927. » Gianni Toniolo (2005), Central Bank Cooperation at the Bank for International Settlements, 1930-1973, pp. 13, 29-33, 45 ; F. William Engdahl (2002), American Exceptionalism – Serious Distortions of the New Economic Era ; « A une conférence des banques centrales, tenue à Washington en août 1927, la Banque de France accepta de ne faire aucun achat d’or […] sans le consentement de la Banque d’Angleterre. Le principe […] avait été adopté comme la base d’une coopération entre les banques centrales (…). […] [E]n pratique l’accord a changé peu de choses. […] [L]a France fut en position d’attirer l’or sans avoir à se rendre directement responsable de ses achats. » Bouillon et al. (1980), p. 73.
26. J.-B. Duroselle (1976, 6e édition), Histoire Diplomatique de 1919 à nos jours, p. 100.
27. https://planetslade.com/ronald-knox.html ; https://www.youtube.com/watch?v=MBX1Neip1PY ; « In [France in] 1925, under a coalition of Left and Centre-Left parties (Cartel des Gauches), syndicalists had gained some satisfaction with the creation of the National Economic Council (CNE), a kind of economic parliament composed of the syndical representatives of major economic and social groups. Such tinkering with political economy, however, met with widespread opposition. And the CNE remained peripheral to the political process, at least until its renovation in 1936. » Steven Zdatny, « French Artisans in an Age of Fascism », in Rudy Koshar (ed., 1990), Splintered Classes, p. 130 ; « The year 1922 marked the beginning of a [solar] minimum (1922–1924) that saw the Conservative ministries of Bonnar Law and Baldwin (1922–1924) replaced simultaneously in 1924 with the first spikes in solar activity after the minimum by MacDonald’s Labour ministry. Owing to political reasons, this ministry did not enjoy the public’s trust, and it resigned. It was replaced by Baldwin’s Conservative ministry, whose administration coincided with a solar maximum. This is the third exception to the rule [of a Conservative government in Britain during solar activity minima since 1830]. » Alexander Chizhevsky, « Mass Movements and Short Periods of Solar Activity », in Boris Groys (ed., 2018), Russian Cosmism.
28. Ewen (1996), p. 230.
29. « The cotton-textile industry, which by 1925 was losing money, desperately attempted to utilize its various trade associations and worked closely with the Commerce Depatment to stabilize prices and competition. » « [I]n [competitive] industries only unions provided the remaining nonpolitical hope for coordinating and restraining competitive conditions on a national scale, a fact that won the employers associations to the union cause in garments before the war and was eventually greatly to influence labor relations in coal and many other industries. » Kolko (1976), pp. 112-4, 131-2, 134-7, 165-7, 177-9, 183.
30. Simon Kuznets (1946), National product since 1869 ; https://www.nber.org/books-and-chapters/measurement-capital/estimation-capital-stock-united-states ; https://measuringworth.com/datasets/usgdp12/result.php ; Paul Mattick (édition française 1972), Marx et Keynes – Les limites de l’économie mixte, pp. 167-70.
31. Napier (2016), p. 78. « Republican presidential administrations were elected in 1920, 1924, and 1928, all by considerable margins. » Ewen (1996), p. 224. « On Friday, October 17, 1924, President Coolidge had a White House breakfast with a group of people that included Edward L. Bernays. […] [T]he objective was to counteract the perception of Coolidge as « cold and taciturn ». » https://kaiology.wordpress.com/2010/09/29/breakfast-with-president-coolidge/
32. Cross (1993), p. 148 ; Ewen (1996), pp. 219-22.
33. Estimated Per Capita Real Earnings of Wage Earners in Manufacturing Industries for United States – https://fred.stlouisfed.org/series/M08067USM325NNBR
34. Eugene N. White (2009), Lessons from the Great American Real Estate Bubble ; Fortune magazine (February 1955). ; « [A]fter living briefly in Quebec as a gold miner and in Delaware in the milk and tire business, [Flying Tiger Bill Pawley] lived in Atlanta for a while before deciding to become a land developer in Florida during its big boom. Hosting a huge party at Coral Gables Country Club in 1925 for his 29th birthday, […] « He announced his retirement at the party, but ‘they begged me to stay until January 1st.’ His decision turned out to be costly because within four months the boom market bottomed out and Pawley lost $800,000. » » Hopsicker & Minor (2024), pp. 216-9, 221-3, 300-10, 322 ; « The [1922] organization meeting of the American Construction Council was held at FDR’s house in New York and attended by about 20 persons. […] This concept was discussed with Dwight Morrow of the J.P. Morgan firm ; with Mr. Dick, secretary to Judge Gary of the U.S. Steel Corporation ; with Gano Dunn, president of J.G. White Engineering Corporation ; and with Stone & Webster. It is interesting to note that most of these persons and firms are prominent in my previous volume, Wall Street and the Bolshevik Revolution. » Antony C. Sutton (1975), Wall Street and FDR, pp. 101-5.
35. « [S]horter hours reduced the drudgery of work that had grown worse, not better in the machine age. » Hunnicutt (1988), pp. 83-4 ; « Against ‘consumptive spectacles’ Tugwell could only insist that we must change ‘in the direction of making production more spectacular […]’. » « Tests could identify that worker (to use Ford’s words) for whom ‘repetitive operations hold no terrors’ and who ‘above all … wants a job in which he does not have to think’. » Cross (1993), pp. 35-6 ; « Taylor would tell [a mechanic who worked under him] that he was « not supposed to think, there are other people paid for thinking around here. » » Raymond E. Callahan (1962), Education and the Cult of Efficiency, pp. 28, 40.
36. « John E. Edgerton, president of the NAM [National Association of Manufacturers], declared that « it is time for America to awake from its dream that an eternal holiday is a natural fruit of material prosperity […]. I am for everything that will make work happier but against everything that will further subordinate its importance … the emphasis should be put on work, instead of upon leisure – more leisure and worse leisure […]. » […] Edgerton concluded that « nothing breeds radicalism more quickly than unhappiness unless it is leisure. » » Hunnicutt (1988), pp. 40-1, 143-4, 155 ; Cross (1993), pp. 33, 37, 222 (n. 63), 225 (n. 102).
37. « By 1930, over 100 million Americans went to the movies every week […], 40 percent of all American families had a radio, a rare possession in 1920. » Hunnicutt (1988), p. 137 ; « In largely family-run US farms in the 1920s the motor car diffused much faster than the truck or tractor. » David Edgerton (2006), The Shock of the Old – technology and global history since 1900, pp. 55-6.
38. Davis (1978), pp. 231-2 ; Kolko (1976), pp. 101-2.
39. F. Scott Fitzgerald (1931), Echoes of the Jazz Age.
40. Hunnicutt (1988), pp. 129, 348.
41. Kolko (1976), p. 32 ; « Even the liberal American technocrat, Stuart Chase, lamented along with the Freudians that, since Prohibition, the weekend for most industrial workers had become an ‘endurance test’ against boredom. » Cross (1993), p. 54.
42. Hunnicutt (1988), pp. 132-3.
43. Miller (1935).
44. https://bravosresearch.com/blog/yield-curve-inversion-signals-recession-in-h2-2024/
45. Tom Nicholas (2007), Stock Market Swings and the Value of Innovation, 1908-1929.
46. Resources and Assets: Bills Discounted: Total Bills Discounted – https://fred.stlouisfed.org/series/RABDTBD ; Bills Bought, Federal Reserve Banks for United States – https://fred.stlouisfed.org/series/M14068USM144NNBR ; « If borrowing and interest rates were low, policy was easy; if the two were high, policy was tight. » Meltzer (2003), p. 164.
47. Miller (1935) ; « Chicago acknowledged that the System’s policy was to assist the Treasury by buying acceptances instead of governments. » « A reason for the Treasury’s desire to keep the reserve banks from buying or holding governments was that the Treasury had started to run surpluses in fiscal year 1920 and continued to run large budget surpluses throughout the decade. […] The Treasury used the surplus to retire debt. […] Hence the Treasury had no interest in having Federal Reserve banks bid for and raise prices on outstanding debt that it would buy. » Meltzer (2003), pp. 145-50 ; « [T]hree directors of International Acceptance Bank had interlocking directorships with American International Corp., the key vehicle in U.S. involvement in the Bolshevik revolution. » Sutton (1975), pp. 92-8.
48. Napier (2016), pp. 82-7 ; Smiley & Keehn (1988), p. 137.
49. Miller (1935) ; Sriya Anbil et al. (2020), A New Daily Federal Funds Rate Series and History of the Federal Funds Market, 1928-1954, p. 9.
50. Peter Fortune (October 28, 2002), Security Loans at Banks and Nonbanks – Regulation U, pp. 22-3.
51. Fortune magazine (February 1955).
52. Cross (1993), pp. 27, 39, 219 (n. 34).
53. Brown (1977), pp. 49-50.
54. Perry Anderson (2017), The Antinomies of Antonio Gramsci, pp. 38, 117-8, 135, 153 ; « [S]ont fondées, en 1928, deux gigantesques organisations anarchistes[,] […] [l]a Fédération anarchiste orientale [et] l’Association continentale américaine de travailleurs (ACAT), une formation latino-américaine proche de l’Association internationale des travailleurs (AIT) […]. » Michael Schmidt (édition québécoise 2012), cartographie de l’anarchisme révolutionnaire, pp. 89-91.
55. Brunner (1982), p. 1.
56. Napier (2016), p. 88.
57. United States Bureau of the Census (1949), Historical Statistics of the United States 1789-1945.
58. « [I]n the late 1920s, […] the United States refused to reflate domestic demand sufficiently to rebalance global trade. When trade rebalanced anyway, as it always must, the United States was among those who suffered most. » Michael Pettis (2013), The Great Rebalancing.
59. Christophe Farquet (2018), Histoire du paradis fiscal suisse, pp. 8-9.
60. « The 1928 Committee of Experts on the Young Plan comprised […] the General Electric – Morgan elements prominent in the Bolshevik Revolution […]. » Sutton (1975), pp. 38-9.
61. « [Sigmund Freud’s nephew Edward] Bernays’s efforts were, at once, brilliant and invisible; as events unfolded, it was as if history was simply running its course. […] [O]n October 21 [1929], an ancient Thomas Edison […] switched on a replica of his first incandescent lightbulb. At that signal, Edison’s act was repeated in nations around the world, where people had been mobilized to turn on their lights in a spectacle of planetary togetherness. […] Owen D. Young […] looked on in admiration. » Ewen (1996), pp. 216-8 ; « One of Bernay’s first efforts was to organize an honorary General Committee whose members would lend their credibility and prominence to the gala. The Committee came to include […] attorney Paul Cravath […]. » « Mussolini: « Italy joins the world tonight in voicing homage to America’s great genius, the benefactor of all nations, Thomas Edison. […].» » Andrew L. Erdman (1996), Edward Bernays and the Golden Jubilee of Light ; « [I]n 1928 the Council on Foreign Relations had […] Paul Cravath as vice-president, and a council […] which included Owen D. Young [and] Allen Dulles […]. » Carroll Quigley (1966), Tragedy and Hope ; « Before World War I, investment capital tended to flow into the U.S. from Europe. The Cravath firm had handled much of this business ever since founding partner Richard Blatchford was retained as counsel for the Bank of England in 1826. After the armistice, when capital started to flow in the other direction, American bankers, with encouragement from Washington, eagerly sought foreign investments that would help finance the rebuilding of Europe. Paul Cravath, an early bankroller of the Council on Foreign Relations, assured that his firm handled much of this legal work. Soon after [John J.] McCloy joined Cravath, the firm participated with J. P. Morgan in a mammoth $110 million loan to the German government. In the ensuing years, McCloy spent much of his time traveling in Europe. For almost a full year he lived in Italy, where the Cravath firm was advising the government. » Walter Isaacson & Evan Thomas (1986), The Wise Men – Six Friends and the World They Made, pp. 119-22.
62. « The BIS statutes later finalized at the Baden-Baden meeting would permit the handling of Treasury bills on the condition that they be « short-term obligations of Governments which are currently marketable. » [The sister of future CIA director Allen Dulles & State Department Secretary John Foster Dulles, Eleanor Lansing] Dulles, who wrote the most systematic contemporary treatise on the BIS, lauded this decision as the fruit of « a majority agreed very quickly to eliminate rapid expansion of purchasing power as far as possible. » » Kazuhiko Yago (2013), The Financial History of the Bank for International Settlements, pp. 11-3 ; Pierre Mendès-France (1930), La Banque Internationale – Contribution à l’étude du problème des États-Unis d’Europe, pp. 150-1.
63. Dominic Selwood, « On this day in 1929: The Wall Street Crash begins, wiping billions off stock markets », The Telegraph (23 October 2017).
64. Karol Jan Borowiecki et al. (2022), The Great Margin Call: The Role of Leverage in the 1929 Stock Market Crash, pp. 8-9, 12-3.
65. https://www.pitzlfinancial.com/blog/ode-shoeshine-boy ; Penny Lernoux (1989), People of God, pp. 284-5 ; https://isgp-studies.com/pilgrims-society-us-uk
66. « Morgan even managed to persuade the Roman Catholic archbishop of New York, John M. Farley, to state in St. Patrick’s Cathedral, « I have confidence in the banks, » and other religious leaders followed suit. The Rockefellers, those Baptists, could not repeat the same trick the next time the abyss yawned, in 1929. » Kit & Frederica Konolige (1978), The Power of their Glory – America’s ruling class: the Episcopalians, pp. 40-1.
67. https://openstax.org/books/us-history/pages/25-1-the-stock-market-crash-of-1929 ; Gordon Thomas & Max Morgan-Witts (1979), The Day the Bubble Burst – A Social History of the Wall Street Crash of 1929 ; Jonathan Norton Leonard (1939), Three years down, pp. 80-5 ; https://time.com/archive/6913583/the-crash-of-1929/ ; Bouillon et al. (1980), p. 81.
68. Michael E. Parrish (1994), Anxious Decades – America in Prosperity and Depression.
69. Michael Watts (2003), The Literary Book of Economics, p. 103 ; https://conversableeconomist.blogspot.com/2020/08/supply-and-demand-scissors-banana-and.html ; « John Maynard Keynes […] praised the Federal Reserve policy from 1923 to 1928. […] Keynes claimed that the policy worked because the United States public was willing to absorb « the remarkable growth in the volume of bank money. » In fact, base money and M1 rose at average rates of 2 to 3 percent a year, slightly less than output growth. » Meltzer (2003), p. 160 ; « After endowing the useful word “inflation” with a new and unacceptable meaning, Rothbard “discovered” that the Federal Reserve had indeed provoked an inflation in the 1921–1929 period. The money supply he examined for the period included not only hand-to-hand currency and all deposits in commercial banks adjusted for inter-bank holdings—the conventional M2 money stock—but also savings and loan share capital and life insurance net policy reserves. Consequently, where the M2 money stock increased […] at an annual rate of about 4 percent, the Rothbard-expanded “money stock” increased by […] about 7 percent per year. Here, Rothbard mistakes some elements of financial wealth with money. […] Their appearance as financial assets in people’s possession is just as likely to be deflationary as not because their purchase and sale require money that would otherwise be used for transactions of conventional goods and services. » « Fed-held gold and other reserve assets increased nominally at 1.1 percent per year primarily because of gold inflows. Federal Reserve policy prevented some of this gold from becoming a basis for new money by “sterilizing” it. That is, as the gold came into their tills, the Fed Banks allowed their holdings of other assets, which were primarily debts of the member banks, to decline: The member banks paid off some of their debts by reducing their reserve account balances at the Fed Banks. » « In their Monetary History of the United States, Milton Friedman and Anna Schwartz […] observe […] « […] By 1923, wholesale prices had recovered only a sixth of their 1920–21 decline. From then until 1929, they fell on the average of 1 percent per year. … Far from being an inflationary decade, the twenties were the reverse. […] » » https://fee.org/articles/money-in-the-1920s-and-1930s/
70. B.L. (Courant Alternatif, 1986), Trente ans de luttes ouvrières en URSS, pp. 7-8 ; Edgerton (2006), pp. 63-4, 126-7 ; Mark Tauger (2017), Famine et transformation agricole en URSS ; « Manuel d’Histoire Critique », Monde Diplomatique (2014, hors-série), pp. 62-3. Il y a matière à imaginer que le déclenchement du krach fut lié à la réduction de la compétition idéologique que représentait l’URSS. « Peasants were forced to enter ‘collective farms’ that had to sell agricultural products at a token price. The radical transition in this direction began in the fall of 1929. » https://www.sociostudies.org/upload/socionauki.ru/book/files/k_waves_7_en/009_Kondratieffs_(90-105).pdf
71. Alexander Kluge (2008), News from Ideological Antiquity. https://kluge.library.cornell.edu/films/ideological-antiquity/ – Program 2 (4. “All things are enchanted people” Peter Sloterdijk on metamorphoses of “added value” (starts 0:18:30, ends 1:05:39)), Program 3 (8. Abschied von der industriellen Revolution: Hätten die Russen das Kapital kaufen können? Eine Episode aus Anlaß des Börsenkrachs 1929 (starts 0:48:43, ends 0:59:22)).
72. https://eh.net/encyclopedia/the-1929-stock-market-crash/
73. Kolko (1976), p. 121.
74. https://hoover.blogs.archives.gov/2022/06/15/the-great-stock-market-crash-of-1929-why-history-textbooks-and-the-conventional-wisdom-get-it-wrong/ ; Les principales banques et sociétés de courtage sont aussi épargnées. https://eh.net/encyclopedia/the-1929-stock-market-crash/
75. Gene Smiley & Richard H. Keehn (1988), Margin Purchases, Brokers’ Loans and the Bull Market of the Twenties, p. 131.
76. Gilbert Burck & Charles Silberman, « Why the Depression Lasted So Long », Fortune magazine (March 1955) ; Napier (2016), pp. 91-9.
77. « [T]he prosperity which accompanied World War One enticed and then badly misled the farmers as their cash receipts roughly doubled between 1912-1913 and the end of the decade. During the same decade farm capital in new land and machinery expanded vastly, overwhelmingly coming, for the first and last time, from external loans rather than the farmers’ own income and savings. Between 1912-1913 and 1921-1922 the farm debt, along with its interest charges, more than doubled. The American farmers were in persistent deep trouble as soon as the war ended. With the sharp decline of prices he received, the farmer was generally unable to meet his fixed expenses. » Kolko (1976), pp. 103-4 ; « Depuis 1925, une série de bonnes récoltes a aggravé la crise agricole persistante depuis la fin de la guerre, contraignant les agriculteurs, pour la plupart déjà endettés, à réduire leurs achats de produits manufacturés. » « André Maurois […] : « Ferme, dit un petit dictionnaire de la crise : étendue de terre arable entourée de créanciers de tous côtés et couverte d’hypothèques, sur laquelle une famille de sept personnes essaie en vain de subvenir aux besoins d’une voiture d’occasion dont le réservoir est vide… » » Bouillon et al. (1980), pp. 78, 83.
78. « Discussing the shattering failure of the Bank of the United States just before Christmas 1930, Freidel glosses over FDR’s negligence while Governor of the State of New York. The Bank of the United States had 450,000 depositors, of which 400,000 accounts held less than $400. In other words, the Bank of the United States was a little man’s bank. » Sutton (1975), p. 16 ; « [A]u printemps [1930], le « syndicat Morgan » profite de l’amélioration pour se débarrasser à son tour de titres qu’il avait acquis […]. » Bouillon et al. (1980), p. 80.
79. Napier (2016), pp. 91-106. « Why would the transportation empire controlled by William C. Whitney and Thomas Fortune Ryan begin this switch in 1900 from electrically powered transportation to oil and gas powered engines? We can only surmise that part of the answer may have been the fact that 1900’s Yale Skull and Bones graduates included a Rockefeller […]. » https://wherethegoldis.blogspot.com/2012/07/accumulations-of-money-accumulated-power.html ; « James J. Stillman began marrying his children off into the William Rockefeller family, and thus melding the Standard Oil fortunes into Yale’s endowment institutions. […] The two or three decades after the Stillmans merged with the Rockefellers was the most crucial period in American history. It witnessed the shift of control of America’s wealth from the Morgan elites to the Rockefeller upstarts, with Stillman betting his children’s lives on the side of oil. » https://wherethegoldis.blogspot.com/2013/06/how-rockefellers-got-control-of-skull.html ; « Strong’s successor at the New York Fed was George L. Harrison, […] a member of Skull and Bones […]. » Liaquat Ahamed (2009), Lords of finance : the bankers who broke the world ; « Throughout the twenty years or so of activity in building and reorganizing his various businesses, [Thomas Fortune] Ryan had the advice primarily of William C. Whitney, Elihu Root, and attorney Paul D. Cravath. These men had bet their future wealth on the advancement of a public-sponsored system of electric street railways without having a vision of individually owned petroleum-powered automobiles. Thus their short-sighted vision for the future is now notable only as fanciful history, which disappeared in the great stock market crash of 1929. » https://wherethegoldis.blogspot.com/2013/07/fortune-was-his-middle-name.html
80. Rudy Koshar (1990), Splintered Classes – politics and the lower middle classes in interwar Europe, p. 12 ; « Manuel d’Histoire Critique », Monde Diplomatique (2014, hors-série), pp. 56-7 ; Bouillon et al. (1980), pp. 84-5, 87.
81. « Aleister Crowley […] in a letter to Karl Germer, fellow OTO and publishing associate: « […] You talk about Versailles as if it had ever existed; but it never did. […] » » Walter Bosley (2023), NYMZA – How America Sold Its Soul, p. 114 ; « A l’automne 1923 s’est engagée une […] négociation complexe : comment faire reprendre le paiement des réparations ? […] Les Français entendent [que des experts] dressent le bilan des ressources de l’Allemagne y compris des capitaux considérables placés depuis la fin de la guerre par les industriels dans des banques étrangères. » « En décembre 1923, [le général Dawes] se rend en Allemagne pour décortiquer son organisation économique et financière. En dépit des événements, [il] constate un développement de l’outillage et la prospérité de la plupart des entreprises. » « Le 17 septembre 1926 éclate un coup de théâtre. Sans que personne ne l’ait su, Briand s’est entretenu, seul, avec Stresemann. […] Quel chemin parcouru depuis le 11 novembre 1918 : voilà la France obligée de tendre la main à l’Allemagne pour sauver le Franc en perdition ! » Claude Paillat (1980), Dossiers secrets de la France contemporaine – Tome 2 : La Victoire Perdue, 1920-1929, pp. 130-1, 170-2 ; « Au total, sur une dette fixée en 1921 à 132 milliards de marks-or, l’Allemagne [en a] payé, d’après M. Weill-Raynal, 22 milliards 891 millions. » Duroselle (1976), p. 145.
82. https://bellaciao.org/fr/A-LACROIX-RIZ-D-une-crise-a-l-autre-1929-2008-mais-en-plus-grave
83. Bouillon et al. (1980), pp. 72, 80.
84. Martin Campbell-Kelly & William Aspray (2004), Computer – a history of the information machine, p. 43.
85. Edgerton (2006), pp. 37-8. « [Conférence de l’économiste libéral Gaëtan Pirou en avril 1936.] Au cours des derniers mois, il a été détruit volontairement dans le monde 900 000 wagons de blé, 150 000 wagons de riz ; aux États-Unis, 6 millions de porcs, 600 000 vaches, 20 millions de tonnes de viande de conserve ; en Argentine, 550 000 moutons ; en Hollande, 200 000 vaches laitières. Au Brésil, on a jeté à la mer 32 millions de sacs de café, à Cuba 13 millions de tonnes de canne à sucre. » Bouillon et al. (1980), pp. 82-3 ; « […] the plowing up of fields of corn and the burning of food for fuel in the Midwest. » Hunnicutt (1988), p. 151.
86. Edgerton (2006), p. 118.
87. « [John E. Edgerton, President of N.A.M., 1930 Annual Address.] [W]hile the depression has brought into clearer view some egregious abuses of both our economic and political mechanisms, it has at the same time demonstrated their sufficiency of strength for as severe a test as has yet been known. » Prothro (1954), pp. 93-4 ; « The static theory of general equilibrium was unable to explain the crisis, as the postulated equilibrating tendencies refused to work. And because the various governments of the capitalist nations relied, at first, on the deflationary crisis mechanism to solve the problem and did not interfere in the economic process, the deepening of the depression could not be blamed on erroneous government policies. There was nothing left to blame for the crisis but the workers’ unwillingness to accept lower wages. The persistence of the crisis and the constantly increasing unemployment, however, finally impelled the bourgeois economists to a revision of their theory, which has taken its place in history as the « Keynesian Revolution. » » Mattick (1981), pp. 125-6.
88. Christopher Hanes (December 2020), Explaining Anomalous Wage Inflation in the 1930s United States ; Cross (1993), p. 144.
89. « The freshwater approach, as Krugman would cruelly remark, reduced the Great Depression to the ‘Great Vacation’—a voluntary adjustment of labour supply, triggered by over-generous welfare systems and labour-market distortions, misdescribed in official statistics as a surge in involuntary joblessness. » Adam Tooze, « How to Mishandle a Crisis », NLR 92 (March April 2015) ; Paul Krugman, « How Did Economists Get It So Wrong? », The New York Times (September 6, 2009) ; https://www.econlib.org/library/Enc/NewClassicalMacroeconomics.html
90. « The United States did not really try demand stimulus until late in the decade in 1938. » Peter Gourevitch (1986), Politics in Hard Times, pp. 129-30.
91. Davis (1978), pp. 55-69 ; Napier (2016), pp. 119-20 ; « Educators […] abandoned « education for the worthy use of leisure » after the winter of 1933-1934 when the movement reached a high point as educators began gearing their schools to the progressive shortening of hours of labor. Afterwards, educators accepted the role that [Rexford] Tugwell outlined for them: the responsibility for creating new occupations and training and retraining children and adults for work, not leisure. » Hunnicutt (1988), pp. 265, 381-2.
92. « A la fin de 1936, les industriels ont augmenté la production pour stocker leurs marchandises en prévision d’une hausse du pouvoir d’achat des consommateurs en 1937, grâce aux subventions de l’État fédéral. Mais l’annonce d’un programme d’austérité les pousse à freiner la production et à se débarrasser de leurs stocks en les bradant. » « Manuel d’Histoire Critique », Monde Diplomatique (2014, hors-série), pp. 56-7 ; « George Orwell’s famous condemnation of consumer culture in 1937 as the ultimate pacifier: ‘fish and chips, art silk stockings, tinned salmon, cutprice chocolate, the movies, the radio, strong tea and the football pools quite likely … between them averted revolution’. » Cross (1993), p. 55.
93. Jeff Sharlet (2008), The Family, pp. 103-5.
94. Beaud (2010), p. 247.
95. Ewen (1996), p. 235.
96. « [L]a socialisation de la production au XIXe siècle […] soulageait la famille de ses fonctions économiques les plus visibles. Enfermant en elle les possibilités d’une existence émancipée de la nécessité, la vie personnelle était le site de désirs profonds et d’un imaginaire utopique, dont la promesse de libérer les femmes, les jeunes et les homosexuels des confins de la famille. » Eli Zaretsky (2008), Le Siècle de Freud, p. 56 ; « What capital needs after 1900 is a highly mobile, highly reproducible and highly controllable system of manners. That is to say, fashion must supplant manners : where taste once stood, style must stand. » Richard Godden (Penguin modern classics, 2000), introduction to F. Scott Fitzgerald, Tender is the Night, pp. xxi-ii. ; « L’art postimpressionniste est le premier à renoncer à toute illusion de la réalité par principe […]. L’intention est d’écrire, de peindre et de composer à partir de l’intelligence, non des émotions […]. » Arnold Hauser (édition de 2004), Histoire sociale de l’art et de la littérature, pp. 825-34 ; « By [1917], advertising was more than a simple description—truthful or not—of goods. In a seductive mix of words and images, advertising had begun to associate goods with the emotional lives—the needs, cravings, aspirations, and fears—of the consumers to whom it spoke. » Ewen (1996), p. 112 ; « As early as the 1930s, as pitchmen recognized « a rising fear of submergence in mass conformity », ads « frequently appealed to this concern by advertising products on the strength of their capacity to lift the individual out of the crowd. » Roland Marchand, Advertising the American Dream : Making Way for Modernity, 1920-1940 (University of California Press, 1985), 268-69. » Jesse Walker (2013), The United States of Paranoia, pp. 358-9 ; « According to the American sociological teams led by Robert and Helen Lynd (1929) and George Lundberg (1933), leisure inherently fostered a deadly dialectic of extroversion and privatisation (as expressed in the American use of the automobile). » Cross (1993), pp. 56-7.
97. Bernard London (1932), Ending the Depression Through Planned Obsolescence ; Giles Slade (2007), Made to Break – Technology and Obsolescence in America, pp. 72-3 ; « J.F. Steiner […] reasoned that fraternal clubs were largely devoted to recreation and leisure. He therefore gave figures to show the rapid growth of Masons, Rotary International, Kiwanis, and Lions, each of which enrolled two or three times as many members at the end of the [1920s] decade than they had at the beginning. » Hunnicutt (1988), pp. 136-7 ; « [T]hroughout the twenties, many large corporations methodically infiltrated national and local organizations – Chambers of Commerce, farmers’ groups, fraternal orders, civic organizations, church groups, and so forth – for the purpose of shepherding the public mind toward pro-business attitudes and opinions. » Ewen (1996), pp. 215-6.
98. « A highly influential group of businessmen […] were the members of the Committee for Economic Development [CED], which had been founded in 1942. […] Their focus was long-term, the goal being to force corporations to plan purposefully for the future growth and prosperity of business. […] At the outset CED launched a huge long-range planning exercise, its purpose being to promote high levels of employment (and thus consumption) through planning for new products and better services with new methods. By 1944 the exercise involved over 50,000 businessmen operating through over 2,000 community-level planning groups. » Anthony Carew (1987), Labour under the Marshall Plan – The politics of productivity and the marketing of management science, pp. 41-6 ; Sur les liens entre la firme Cravath et le CED, en particulier par rapport au Plan Marshall, lire G. William Domhoff (1990), The Power Elite and the State How Policy is Made in America, pp. 210-4 et Michael J. Hogan (1989), The Marshall Plan – America, Britain and the Reconstruction of Western Europe, 1947-1952, pp. 137-40.
99. « It’s this way, Joe. Now, what gave us good times? The automobile industry. Why? Because it was something new to develop. Now, what do we need now to bring back better times? Something that’s new, to develop. Well, that’s the idea, see. This outfit I’m with has got something new. An electric shaver. » James T. Farrell (1935), Judgement Day.
100. « The process was initiated by the Great Depression. In the larger economies [of Latin America], mainly in South America, the ruling class confronted shrinking trade, and then the turmoil of the war years, by adopting an inward-oriented development model known as import-substitution industrialization, or ISI. For ruling classes in these countries, the global crisis undermined profit strategies based on traditional commodity exports. […] The state created incentives for domestic business to invest more heavily in local industry, which had been slowly developing since the turn of the century. […] In Central America, economic transformations followed an almost inverse logic. […] After the war, elites of Central America’s more backward economies moved to diversify into new agro-industrial branches to take advantage of expanding global markets during the boom years. Although the state was involved, it played less of a role in the expansion and diversification of Central American agro-business, which was fueled by new opportunities for agrarian oligarchies to expand markets for traditional commodities such as coffee, and increasingly for newer, more processed goods like sugar and cotton. » René Rojas, « The Latin American Left’s Shifting Tides », Catalyst, volume 2, n°2 (summer 2018).
101. https://fred.stlouisfed.org/graph/?g=1LDNb
102. « Most of us, if we held stock in September 1929, would not have sold early in October. In fact, if I had liquidity, I would have purchased stocks after the major break on Black Thursday, October 24. For the next ten years, I would have been sorry since Black Thursday was not the end of the decline. » Harold Bierman, Jr. (1998), The causes of the 1929 stock market crash : a speculative orgy or a new era?, pp. 4-7.
103. https://data.worldbank.org/indicator/NY.ADJ.DKAP.GN.ZS
104. https://fred.stlouisfed.org/graph/?g=1LDwQ
105. fred.stlouisfed.org/series/AVHWPEUSA065NRUG ; fred.stlouisfed.org/series/CES3000000008 ; fred.stlouisfed.org/series/CPIAUCSL ; https://againstnarrative.substack.com/p/no-the-top-10-of-households-are-not ; www.bls.gov/cex/csxshare.htm ; https://www.clevelandfed.org/publications/economic-trends/2014/et-20140417-pce-and-cpi-inflation-difference ; fred.stlouisfed.org/series/PCEPI ; fred.stlouisfed.org/series/B4701C0A222NBEA ; fred.stlouisfed.org/series/CNP16OV ; fred.stlouisfed.org/series/CIVPART ; fred.stlouisfed.org/series/UNRATE
106. Mattick (1972), pp. 175-88.
107. Après la crise « financière », le patronat mondial semble s’être concentré sur l’implication des employés dans leur travail. D’après Gallup, la part des employés particulièrement « désengagés » est passée de 27 % en 2009 à 18 % en 2014. https://www.gallup.com/394373/indicator-employee-engagement.aspx
